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Je suis au Mont Blanc avec 3 autres personnes. Cela fait 2 mois que je m’entraine pour ce projet et , ... voilà ; c’est dans le refuge , prêts pour l’ascension que nous apprenons qu’il est trop dangereux de tenter le sommet à cause d’un trop grand risque d’avalanche. Je suis plus que déçue. Au retour au pays , cette déception m'habite tellement que je change mes plans pour ma prochaine semaine de vacances , prévue 3 semaines plus tard. Je Veux, grand "V", tenter de nouveau ma chance. Je fais appel à un guide français qui se dit d’accord pour m’accompagner. Le problème est que nous serons alors hors saison. Le train qui monte au refuge n'est plus en activité et nous n'avons pas d'autre choix que de prendre cette voie dite “normale” car sur les autres voies, il y a trop de risque d’avalanches vu la saison trop avancée. Nous sommes obligés de partir du point le plus bas alors qu'en situation normale nous aurions évité de grimper 800 mètres de dénivelé . Second problème, les refuges. Ils ne sont plus gardés. Il nous faudra transporter notre eau et nourriture pour 3 jours. Troisième problème, il faudra faire la trace dans la neige car nous serons probablement seuls sur la montagne. Arrivée à Genève, j’appelle mon guide. Pas de réponse! Je me dirige vers mon auberge près de Chamonix. Je tente de nouveau le contact, autant par téléphone que par mail. Je commence à paniquer car la fenêtre météo favorable ne durera que 3 jours. Comme souvent en montagne, il faut trouver un plan B. Je visite la maison des montagnards et les offices du tourisme de la région. Personne ne veut grimper dans ces conditions.
Je suis exaspérée. Je bous en dedans , me disant à moi-même: '' pas encore ! ''. Je fais un peu de “ shopping ” . Je trouve un livre relatant l’histoire des premières ascensions sur le Mont Blanc. J'y vois des illustrations des premières femmes qui atteignent le sommet du Mont Blanc en robe ! Si elles ont réussi avec un équipement si désuet et en robe, il est impensable que je ne sois pas capable de marcher dans leurs traces et faire le sommet. Je remue ciel et terre afin de trouver un guide, il n’est pas question de m’aventurer seule sur la montagne dans les conditions qui prévalent à ce moment-là. Je suis furieuse envers le premier “supposé guide” qui ma posé un lapin. Il n’a même pas pris la peine de m’avertir qu’il avait changé d’idée . Je suis sur place et je suis gonflée à bloc ! Prête à relever le défi ! Il me manque juste un guide bordel ! Si j’avais su alors que j'étais encore au Québec , j'aurais eu le temps de chercher et de me trouver un autre guide. Il est hors de question que je retourne à la maison sans avoir vécu l'adrénaline du sommet. Je me creuse les méninges , j'en suis à utiliser mes contacts au Québec dans l'espoir de trouver l'âme courageuse qui voudra faire l'ascension avec moi, même hors saison. Miracle! Le téléphone sonne, c'est la propriétaire de l'auberge. Elle est toute excitée de me dire qu'elle a peut-être trouver la personne qu'il me faut. Pas de temps à perdre , je souhaite le rencontrer le soir même. On se parle , il vient à l'Auberge. Il arrive , je vois dans ses yeux que c'est mon homme. Il a besoin d'argent et je suis plus que prête à lui donner ce qu'il veut pour ses services. Le départ est fixé pour le lendemain matin ! Je jubile après avoir ressenti autant d'angoisse et avoir dû mettre tant d'efforts et de persévérance pour atteindre mon objectif . Avec des provisions de nourriture et des réserves d'eau pour 3 jours nous partons d'un bon pas à partir de 1700 mètres. Mon guide marche très rapidement mais j'ai le feu intérieur qui me brûle en dedans. Nous arrivons au refuge dès le début de l'après-midi , beaucoup plus tôt que prévu. Mon guide me suggère de poursuivre jusqu'au sommet. Il me dit: ''On pourrait être au sommet pour le coucher du soleil, aux environs de 18h''. Cela me surprend mais pourquoi pas, c'est pour cela que je suis venue. Nous arrivons au sommet dans le délai prévu. Que de beauté là-haut , objectif atteint somme toute facilement après bien des problèmes de logistique. Le lendemain matin déjà c'est le retour au refuge. L'aventure n'aura duré que 24 heures. Mais bien plus que le temps investi c'est la fierté d'avoir persévéré pour aller au bout de mes aspirations qui m'habite. Les embûches ne sont que des obstacles à contourner , j'ai alors compris qu'il faut demeurer concentrée sur la mission que l'on se donne. |
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